vendredi 13 mars 2009

Itinéraires, fin : Accabonac et Kôzan-Ji

Accabonac emprunte son titre à celui de deux tableaux de Willem de Kooning : Woman Accabonac peint en 1966 et Man Accabonac peint en 1971. La référence à l'univers du peintre américain tient avant tout à la matière sonore pulatile, volontiers dissonante et lyrique de cette pièce qui n'est pas non plus sans évoquer le Free Jazz, les clameurs stridentes de Manhattan, ainsi qu'une autre forme de Pastorale, moderne, inscrite entre ville et nature dans une série de jaillissements successifs. A ce titre, la pièce aurait aussi bien pu s'intituler selon les titres d'autres oeuvres de l'artiste : Park Rosenberg, Gotham News ou Montauk. Le titre finalement retenu le doit à la scansion précise et dynamique de ses syllabes primitives qui semblent provenir d'une ancienne langue indienne ici figée par l'un de ses mots en un nom de lieu réactivé par son association aux figures édeniques d'une femme et d'un homme violemment sensuels. Le choix d'Accabonac tient aussi à ces deux figures de nymphe et de faune modernes qui pourraient être des baigneurs s'offrant au bourrasques solaires de juillet sur la côte atlantique qu'aimait tant de Kooning. Enfin, Accabonac n'est pas sans lien secret mais non prémédité avec le Fragment 23 : Danse de Pan/Manhattan, que je présenterai par la suite.
Kôzan-Ji est un temple bâti dans la région montagneuse de Taganoo et constitue l'un des sites de Kyoto que l'Unesco a classé au patrimoine mondial de l'humanité en 1994. Il possède le plus ancien "jardin de thé" du Japon. véritable balcon en forêt bouddhiste, Kôzan-Ji plus que tout autre temple de Kyoto convenait à la conclusion d'Itinéraires, par son calme, la fraîcheur des verts profonds qui filtrent et distribuent la lumière, ses allées mouillées d'averses scintillantes et ses coursives donnant sur ses paysages recueillis où la pensée se laisse guider en un mouvement indéfini de pure présence contemplative.

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