samedi 16 mai 2009

Première Nuit

Première Nuit est une composition de l'automne 2007, presque entièrement née d'une improvisation de 17 minutes environ, à laquelle je n'ai fait qu'ajouter quelques nécessaires éléments d'enrichissement aussitôt après le premier jet. Première Nuit est une pure vision voyageuse, celle d'une conscience fascinée offerte à la rosée lumineuse des nuits d'été parfaites. Comme par exemple dans cet extrait d'une nouvelle inédite, intitulée Le Livre m'avait dit :
"Les nuits d’été, il m’arrivait de m’éveiller et de sortir par la fenêtre. Personne n’en savait rien. Je m’asseyais dans le jardin, levais les yeux en direction du ciel, et j’étais la première à contempler la poudre des étoiles, ne sachant pas que bien avant ma vie, tous les regards qui s’étaient laissés prendre et emporter dans le courant des nuits avaient été les seuls et les premiers. La psalmodie paisible d’un crapaud que je ne pouvais voir manifestait le règne du silence. Le dos posé contre le mur, les mains sur les genoux, je souriais comme une statue. Je me livrais sans résistance à la lenteur de ce voyage, jusqu’au moment où je sentais que j’allais m’endormir. J’en revenais plus éblouie que si j’avais fixé sans précautions la force du soleil.
Plus tard encore, ayant gardé cette habitude, il m’arrivait souvent de sortir un matelas sur la terrasse et de passer la nuit devant le ciel qui s’écoulait par mes paupières. D’étranges questions venaient à mon esprit, tout comme les bulles silencieusement formées à la surface d’une eau dormante. Si je voyais distinctement les longues nuées d’étoiles dans les ténèbres absolues, ne voyais-je pas aussi, non moins distinctement, l’étendue sans reflet de ces ténèbres épanouies ? Elles-mêmes étaient une sorte de lumière puisque je les voyais, pensais-je, en m’appliquant à les saisir des yeux. Je me disais soudain : même sans étoiles, sans lune et sans aucune phosphorescence terrestre, l’aveuglement de leur présence aurait encore été vision de leur lumière, et je restais sous cette pensée, les mains posées contre mes seins nouvellement nés. Puis je sombrais dans le sommeil, environnée d’odeur de plantes."

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